A la sortie de l'hiver, je comptai les lassitudes et les fatigues accumulées. Le mois de mars s'annonçait. Il est, je le sais, le compagnon ombrageux des lumières fragiles, des grêles et des froids en retard.

Ce fut un mois de mars 2020 curieux, troublant, le tourment du monde. Un funeste virus vint briser le dessein ronronnant de nos habitudes. A l'annonce des mesures sanitaires prônées par nos gouvernants, nos vies se figèrent, nos pensées vacillèrent un moment.

Puis, le printemps s'installa, ingénu, presque cynique, indifférent et doux. Il accompagna les lourdes incertitudes d'un confinement généralisé. Je goûtai, je l'avoue, les plaisirs de ce temps arrêté. Tous n'eurent pas cette chance et le silence des apparences dénonça les tumultes intérieurs.

Chaque jour, asservi à l'immobilité géographique, je photographiai le ciel. Désespérément bleu quand je l'espérai habité, couvert et insensible quand je le souhaitai léger et volage ; il fut, cinquante-six jours durant, le compère fantasque de mes regards. Le solstice d'été brisa mes élans quotidiens. De cette période aux relents historiques, il me reste ces tableaux photographiques, des compagnons aériens d'un temps qui toucha le monde.

 PL - octobre 2020

 

 

 

 

 

 

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